Un peu de #GoodTimes à bord du HSC Condor Liberation

Le HSC Condor Liberation de Condor Ferries entrant dans le port de Saint-Malo.
Le HSC Condor Liberation arrivant à Saint-Malo. Photo : Antoine

Il y a un an, le HSC Condor Liberation fut mis en service sur la route reliant les îles Anglo-normandes et la Grande Bretagne, remplaçant le HSC Condor Express et le HSC Condor Vitesse. L'Hiver, lorsque le HSC Condor Rapide, le dernier catamaran de 86m construit par Incat à la fin des années 1990 encore possédé par Condor Ferries, bénéficie d'opérations de maintenance en cale sèche, le HSC Condor Liberation exploite un service intégral entre les îles Anglo-normandes et la France.

Il fut très bien accueilli dans ses premiers jours de service par le public, cependant il est très rapidement devenu impopulaire en raison de problèmes de jeunesse et une prétendue instabilité dans toutes les conditions de mer.

Notre équipe a souhaité essayé le HSC Condor Liberation pour avoir une opinion plus objective sur lui, et c'est pour cela que nous avons fait une traversée en son bord entre St-Malo et Jersey le 12 mars 2016. Ce jour-là, les conditions météorologiques étaient parfaites, avec guère plus de 0.50cm de hauteur de vague et presque pas de vent : la traversée s'annonçait inoubliable. Voici notre carnet de bord du HSC Condor Liberation.

Un dossier rédigé par Antoine.

 


Le HSC Condor Liberation, navire amiral de Condor Ferries entrant dans le port de Saint-Malo.
Le HSC Condor Liberation entrant dans le port de Saint-Malo. Photo Antoine H.

Un regard attentif aux confortables espaces passagers

La première chose que nous avons remarqué après avoir embarqué est que le HSC Condor Liberation est un Navire à Grande Vitesse (NGV) moderne, avec des espaces intérieurs propres et reluisants, contrastant de façon saisissante avec le HSC Condor Rapide, qui reste un navire très bien entretenu.

Après avoir trouvé nos sièges grâce aux plan des ponts disposés tout autour de la cabine, nous avons été en mesure de les essayer.

Sur le trajet vers Jersey, nous étions assis dans la classe Ocean Traveller. Neufs, ces sièges étaient très confortables, bien que je les ai trouvé un tout petit peu trop mous contrairement à mon collègue qui les a trouvé très confortables (cela dépendra du gout de chacun). Cette classe est divisée en plusieurs espaces, séparés par des cloisons. Cela permet de disposer d'espaces calmes, quelque chose que nous avons grandement apprécié alors que les espaces passagers sont plus bruyants sur le HSC Condor Rapide et consœurs. De surcroît, les sièges sont situés sur les côtés du navire, et de fait ils ne sont pas trop éloignés des fenêtres et de la lumière. Cependant, même si des tablettes sont disposées sur chaque siège, elles ne semblent pas être très solides. Il y a beaucoup de place pour les jambes, même pour des grandes personnes à notre instar.

Sur le trajet retour, nous avons décidé décidé de prendre des sièges dans la classe Ocean Plus pour seulement 7€ par personne. Malheureusement, cette traversée s'étant faîte de nuit, nous n'avons pas été en mesure d'apprécier la vue proposée grâce à de très large baies vitrées donnant sur la proue du navire (cette classe étant située dans l'Horizon Lounge). Dans cette classe, il y a un bar réservé à ceux ayant une place dans ce salon, l'accès étant restreint grâce un code PIN donné avec la réservation. Dans ce salon, les sièges sont un petit peu plus fermes que dans la classe Ocean Traveller, de fait ils sont plus confortables à mon avis. Pour ceux n'ayant pas de tables, des tablettes sont proposées, encastrées dans les accoudoirs. Ces tablettes semblent être très solides et sont très pratiques. De plus, chaque siège est inclinable et dispose d'une prise électrique. Le surcoût lié à l'achat d'un siège dans cette classe en vaut réellement la chandelle.

Il a également une autre classe disponible à bord du HSC Condor Liberation, avec le salon Ocean Club situé sur le côté Tribord du navire. Ce salon est plus petit, et semble être très silencieux, avec des boissons et des journaux offertes tout au long de la traversée.

Autour de l'ensemble des ponts passagers, incluant les toilettes, nous trouvons sur des écriteaux humoristiques dédiés à l'information des passagers. Nous avons tellement adoré ces écriteaux que nous n'avons pas pu nous empêcher de les photographier pour vous les présenter :

Bien sûr, il nous était impossible de faire un reportage sur le HSC Condor Liberation sans évoquer le célèbre Safety Rap, vidéo donnant aux passagers les consignes de sécurité à suivre « dans le peu probable cas d'une urgence ». Vu près de 130,000 sur le compte YouTube de Condor Ferries, il n'a laissé indifférent aucune personne l'ayant regardé. De notre côté, nous adorons ce clip vidéo décalé qui a le mérite de mieux sensibiliser les personnes l'ayant regardé aux conditions de sécurité, même pour ceux qui n'aiment pas ce clip tellement il est entraînant.

Condor Ferries Safety Rap

La version diffusée à bord est plus longue que celle dévoilée le 20 mars 2015 par la compagnie, et est aussi encore plus drôle.


Enfin, les ponts passagers sont très bien insonorisés, et par conséquent vous n'entendrez pas le bruit des moteurs comme à bord de navires plus vieux. Ainsi, on ne sent pas le navire quittez son quai, manœuvre effectuée tout en douceur par le commandant.

Un large choix d'équipements

Comptoir de vente du Island Bar, l'une des trois possibilité de restauration du HSC Condor Liberation.
Comptoir de vente du IslandBar. Photo Antoine H.

Concernant les services proposés à bord du HSC Condor Liberation, il y a trois possibilités différentes de restauration, que nous n'avons malheureusement pas essayé :

  • Casquets Bistro, situé au centre du navire proche du bureau d'Information, qui semble proposer des repas simples et appétissants ;
  • Island Bar, proposant des rafraîchissements et quelques gâteaux ;
  • Horizon Bar, proposant les mêmes mets que le Island Bar, situé dans l'Horizon Lounge.

Le navire dispose d'un bureau d'information, situé en son centre. Il y a également une vaste boutique Duty Free, Adore Duty Free, située au milieu du navire qui propose des parfums, alcools, tabacs ainsi que quelques produits alimentaires à des prix inférieurs à ceux pratiqués usuellement dans le commerce. Dans la mesure où le HSC Condor Liberation était exploité sur la route du sud, avec plus de clients francophones que sur la route du nord, le personnel hôtelier était à 80 % français. Ce personnel était dans sa majorité parfaitement bilingue ce qui est assez inhabituel pour des français. L'ensemble de l'équipage était serviable et accueillant.

Les ponts extérieurs sont bien plus spacieux qu'à bord des anciens catamarans, je me rappelle encore du minuscule pont extérieur disponible sur le HSC Condor 10, et comparé à cela, le HSC Condor Liberation est réellement un très grand bon en avant ! Cependant, les portes qui y donnent accès sont un peu lourdes lorsqu'il s'agit de les manipuler – quelque chose qui pourrait être amélioré simplement en les motorisant, à l'instar de ce que l'on trouve à bord du HSC Condor Rapide si ma mémoire est bonne.

De surcroît, le navire est intégralement accessible aux Personnes à Mobilité Réduite, avec un ascenseur installé sur le flanc bâbord du navire et des couloirs assez larges pour permettre aux utilisateurs de fauteuil roulant de se déplacer sans entraves. Une rampe est également installée pour leur permettre d'accéder aux ponts extérieurs afin de profiter de la vue de la mer et de l'air frais.

Finalement, il y a un signal WiFi à bord, cependant il ne fonctionne pas en mer dans la mesure où le lien satellite n'a pas encore été installé, mais cela devrait fait dans les prochains mois.

Un navire stable

Le HSC Condor Liberation faisant demi-tour devant le port de Saint-Malo en vue de son amarrage.
HSC Condor Liberation en plein demi-tour, photo : Antoine

Les détracteurs du HSC Condor Liberation n'ont cessé de mettre en avant qu'il serait instable. En tant que moniteur fédéral de Canoë Kayak, je sais bien que les bateaux conçus pour aller vite ne sont jamais très stables à basse vitesse – ils ne sont pas fait pour cela. De ce fait, il est normal que le HSC Condor Liberation ne soit pas très stable lorsqu'il est en train de manœuvrer.

Cependant, dans les conditions idylliques décrites plus haut, le HSC Condor Liberation à pleine vitesse était extrêmement stable, sans doute plus que les anciens catamarans. Je me rappelle encore du HSC Condor Express (c'était il y a 8 ans) n'être guère plus stable à haute vitesse avec une mer un tout petit peu plus formée il est vrai. Par ailleurs, sur les vidéos que nous avons pu voir sur Internet, nous avons pu voir qu'il est vrai que le HSC Condor Liberation n'est pas très stable dans des mers plus formées, roulant de bord sur bord. Cependant, ce mouvement semble être mieux contrôlé et plus doux que sur des catamarans plus âgés, à l'instar du HSC Normandie Express. Ainsi le HSC Condor Liberation est beaucoup plus stable à haute vitesse que les catamarans, qui sont plus stables que le HSC Condor Liberation à basse vitesse.

Un pont garage bien conçu

Entre du garage du HSC Condor Liberation
L'entrée du Pont Garage du HSC Condor Liberation, photo : Antoine

Dirigeons nous vers le pont garage du HSC Condor Liberation. Notre premier contact visuel avec lui se fit avec sa rampe. Cette rampe est extrêmement bien conçue, avec une partie centrale uniquement dédiée au trafic des véhicules motorisé. À ces côtés, on retrouve deux rampes plus petites, dédiées uniquement aux piétons. Cela permet de séparer les deux types de trafic et les passagers piétons n'ont pas à partager la même rampe que les voitures, comme sur le HSC Condor Rapide. De surcroît, cette rampe parfaitement conçue s'ajuste parfaitement avec les rampes RoRo où elle est amenée à se poser.

A l'intérieur du pont garage, nous trouvons un pont garage parfaitement ajustable aux véhicules transportés, avec une mezzanine centrale qui peut être levée si le navire doit transporter du fret de taille réduire ou des caravanes, comme lors de cette traversée. Selon nos calculs, le navire pourrait transporter une douzaine de remorques de 12m de long en plus de 137 voitures. Exploiter un sistership du HSC Condor Liberation au départ de Saint-Malo en hiver devrait permettre à Condor Ferries de ne plus desservir Saint-Malo une fois par semaine avec le M/V Commodore Goodwill, le HSC Condor Liberation se chargeant alors du trafic de fret entre Saint-Malo et les îles Anglo-Normandes

General Arangement Plan du garage du HSC Normandie Express de Brittany Ferries.
Le design en rampe du garage du HSC Normandie Express, GA : © Incat

Sur chaque flanc du garage, on retrouve des mezzanines fixes permettant aux véhicules de circuler au sein du garage sans avoir à reculer, entrant par exemple par le flanc tribord et en ressortant par le flanc bâbord et vice-versa. Cependant, ceux devant être parquées dans la proue, que ce soit dans le pont supérieur ou inférieur n'auront pas d'autre choix que de reculer. Ceux devant être parqués dans la mezzanine centrale lorsqu'elle est abaissée doivent également reculer, dans la mesure où aucune rampe spécifique ne permet d'accéder à cet espace depuis la poupe comme dans le HSC Normandie Express. De surcroît, grâce au système de rampes dans la proue inventé par Incat, les véhicules ne doivent jamais reculer une fois à bord dans les catamarans du constructeur tasmanien, ce qui peut expliquer les temps de chargement plus longs sur le HSC Condor Liberation qui n'en est pas doté. Cependant, sur les deux types de navires (Austal AutoExpress 102 et Incat), les véhicules parqués au milieu du navire doivent faire demi-tour avant d'entrer dans le garage, le HSC Condor Liberation ne devrait pas être. Enfin, défaut inhérent à tous les NGV, une fois les voitures parquées il reste très peu d'espace entre deux voitures pour se mouvoir ou pour ouvrir sa portière sans risque de frotter la carrosserie du voisin.

A propos du voyage

Nous partîmes de Saint-Malo vers 1800 en ce samedi soir, prêts pour une traversée dont nous avions tant rêvé vers Jersey. Alors que le HSC Condor Liberation quittait tranquillement les côtes françaises, je fis quelques photographies du paysage, avant de n'être accaparé par une rencontre avec mon vieil ami M/V Bretagne a qui j'ai consacré le premier carnet de voyage du site.

Par la suite, nous profitâmes de notre temps libre pour essayer les différents espaces du navire, prenant les photos qui illustrent ce reportage. La traversée passa ainsi très rapidement, le HSC Condor Liberation naviguant tout du long à 36 nœuds.

L'arrivée à Jersey, île que nous n'avions pas foulé depuis longtemps se fit dans un soleil couchant, où nous rencontrâmes le M/V Commodore Clipper, à quai, se préparant à mettre le cap vers Portsmouth.

N'ayant pas malheureusement pas prévu cette fois de visiter Jersey, nous prîmes notre carte d'embarquement pour le retour aussitôt le pied posés à terre. Nous profitons alors du salon Ocean Plus pour ce retour très calme, qui passa également très vite à la vitesse de 36 nœuds... de la lumière excusez-moi. Telle est la preuve du niveau de confort offert par le HSC Condor Liberation, sur lequel on n'a guère le temps de s'ennuyer.

Au retour également, le HSC Condor Liberation dut embarquer le pilote malouin pour entrer et accoster. Sur ce trajet retour, le navire choisit de longer la côte dinardaise avant de présenter sa proue à la rampe RoRo. De fait, le commandant dut lui faire réaliser un demi-tour complet, manœuvre effectuée assez rapidement montrant somme toute, la grande agilité du navire.

Le HSC Condor Liberation quittant Saint-Malo, mettant le cap vers Jersey.
Le HSC Condor Liberation en route vers Jersey, photo : Antoine

Pour conclure, le HSC Condor Liberation est le meilleur NGV dans lequel j'ai pu voyager (la liste étant disponible dans ma page de présentation). Ses ponts passagers sont en effet très modernes et confortables ; et sa stabilité est du plus haut niveau. S'il a des défauts, ces derniers sont pour la grande majorité d'entre eux inhérents aux NGV. Ainsi, le HSC Condor Liberation ne mérite pas la réputation qu'il traîne derrière lui, et nous espérons sincèrement qu'il parviendra à mettre en valeur tous ses atouts dans les prochains mois.

Nous tenons à remercier le commandant Steve Ainscow, ses officiers et son équipage pour leur accueil et cette traversée inoubliable.

Et pour ceux qui préféreraient les images, la vidéo de notre traversée est disponible ici https://youtu.be/xainZEtqzEk

 

Une vidéo de Benjamin